lundi 3 février 2014

Aérodrome LFSM Montbéliard (partie 1)

Certains d'entre vous le savent, j'ai déménagé en octobre dernier pour la région de Belfort / Montbéliard, aujourd'hui, je vais donc vous parler d’un nouvel aérodrome sur lequel je suis allé pour la première fois en novembre dernier, il s’agit de LFSM Montbéliard.



LFSM Montbéliard
Montbéliard, une petite mer de verdure bordée par Montbéliard, le doubs et le mont Bart ce qui en fait un aérodrome à l'environnement à la fois unique et particulier. (photo Murielle Cruder)

Je ne le connaissais pas du tout auparavant si ce n’est à travers un des avions qui y est basé, je veux parler du MD 312 Flamant N°226 F-AZES De l’association Montbéliard Dassault 312 que les amateurs d'aviation de collection ne peuvent ignorer.




LFSM Montbéliard
L'aérogare de Montbéliard.

LFSM Montbéliard
Le Flamant de l'association Montbéliard Dassault 312 (photo Antoine Grondeau).



Pourtant, en s'y intéressant un peu, on peut voir que cet aérodrome à une longue histoire qui par certains côtés est unique dans l'histoire aéronautique française Dès 1924, on entends parler de l'aérodrome de Courcelles les Montbéliard (qui n'était alors que des prés sur la commune d'Arbouans), en effet, Etienne Oehmichen, un savant et ingénieur français qui figure parmi les pionniers mondiaux de l'hélicoptère (aux côtés de Louis Breguet, Paul Cornu...), y fait voler ses appareils. Après des débuts balbutiant au tout début du 20ème siècle.

En 1919, l'aéroclub lance un concours pour stimuler la créativité des ingénieurs français. Il s'agit de faire voler un hélicoptère sur 1 km en revenant au point de départ avec 10 000 franc à la clé. C'est le signal pour Oehmichen. Aidé financièrement par les frères Peugeot, il se lance dans l'aventure. Pour créer ses machines il s'inspire de la nature (insectes, oiseaux...) qu'il passe énormément de temps à observer, disséquer, analyser. Le 15 janvier 1921 décolle, il peut déjà voler à une altitude de 3m, mais est encore loin des hélicoptères actuels. Les paysans franc comtois prennent bien sûr Oehmichen pour un fou à bord de se machine pétaradante... 
En Espagne, le marquis de Pescara est le principal concurrent pour le concours de l'aéroclub de France, mais tout deux sont soumis aux même difficultés, après s'être élevés du sol, il s'agit de stabiliser leur machine. En 1923, les deux concurrents réalisent des progrès importants et sont sur le point d'aboutir, le 1er avril 1924, Pescara franchit la barre des 750 mètres.


LFSM Montbéliard
Un des hélicoptère du marquis de Pescara, le Pescara 4S de 1930. (DR)
Il existe plusieurs versions mais Pescara serait le premier à avoir atteint l'objectif:


En 1924 le 16 janvier l’hélicoptère 2F du marquis de Pescara parcourt 1160 mètres (Times du 18 janvier et agence de Presse.) le 18 avril 1924 record du monde (F.A.I.)

L'autre version serait que le 4 mai 1924, Oehmichen est le 1er au monde à réaliser un vol d'1 km en circuit fermé à bord de l'une de ses machines (que l'on peut qualifier d'hélicoptère) à Montbéliard. Cet appareil équipé d'un moteur de 150 CV est encore difficile à contrôler mais la plupart des obstacles ont été levés au vieux rêve de Léonard de Vinci. Oemichen disait d'ailleurs : "Je ne suis pas l'inventeur de l'hélicoptère. Le seul, c'est Léonard de Vinci, lorsqu'il dessina sa machine volante à aile tournante, en 1486"





LFSM Montbéliard
La machine N°2 du Professeur Etienne Oehmichen (DR)

Par la suite, il invente le rotor anticouple encore utilisé sur la plupart des hélicoptères aujourd'hui. Finalement Pescara et Oehmichen finissent tout deux par jeter l'éponge du fait de problèmes financiers. Pour Oehmichen, c'est l'armée, qui considère que son appareil est sans avenir qui arrête de le financer vers 1935.

Breguet reprendra le flambeau en 1936 avec son giroplane, et Oehmichen finira dans l'oubli, aujourd'hui, sa dernière machine, l'hélicostat figure dans le hall des hélicoptères du musée de l'air et de l'espace du Bourget mais c'est bien peu pour ce pionnier qui mériterait une meilleure place. Voici un repotage d'Arte qui vous en apprendra plus sur ce personnage exceptionnel.



Avant de commencer cet article, je ne pensai pas tomber sur un tel personnage lié à l'histoire de Montbéliard
et je suis heureux d'avoir pu le découvrir de cette manière, j'espère le tiré un peu de l'oubli par cet article.
La fin de l'aventure Oehmichen ne signifie pas pour autant la fin de l'aviation à Montbéliard, en 1933, l'aérodrome est officiellement créé par Henri Schwander, il sera utilisé par l'aéroclub créé simultanément par ce dernier qui participera activement au développement de l'aérodrome. En 1936, Le ministre Pierre Cot lance l'aviation populaire qui contribue au développement de l'aviation dans toute la France (entre 1936 et 1939, 3000 nouveaux pilotes sont formées). Puis arrive la deuxième guerre mondiale en 1940, le terrain dispose d'installations légères et de ce fait il passe la guerre sans être utilisé par les différents belligérants.
LFSM Montbéliard
A gauche de la photo, l'aérodrome de Montbéliard en 1940 les pistes ne sont pas encore bien délimitées, mais on peut déjà distinguer les premiers hangars de l'aéroclub. (Source IGN)
La fin de la guerre voit la reprise des vols de l'aéroclub ce qui se fait bien sûr lentement comme dans toute la France. Dans tout le pays on vole d'abord sur Stampe que l'état fait construire en grande série et vend pour des sommes symboliques aux aéro-club puis petit à petit l'aviation générale se reconstruit en France. A Montbéliard, les infrastructures de aéro-club s'agrandissent mais il faudra attendre 1970 pour voir la réalisation d'une piste en dur (l'orientation des piste change par la même occasion), lui permettant d'accueillir des appareils plus gros notamment ceux de l'entreprise Peugeot.
LFSM Montbéliard
En 1956, on peut distinguer les deux pistes en herbes dont l'orientation n'était pas la même qu'actuellement. (Source IGN)
LFSM Montbéliard
En 1964, peu de changements visible, mais il y en a tout de même, le bitume devant les hangars, l’allongement de la piste nord-ouest/sud est , la construction d'un nouveau hangar. On distingue même (en zoomant beaucoup) l'emplacement de la piste d’aéromodélisme qui date de cette époque (elle a été rénovée en 2012). (Source IGN)
LFSM Montbéliard
En 1969, on commence à distinguer le nouveau tracé de la piste actuelle 26/08 dont les travaux commencent. (Source IGN)
LFSM Montbéliard
En 1972, la piste en dur est terminée, depuis 2 ans à ses côtés une piste en herbe, les deux anciennes n'étant plus utilisées. (Source IGN)
LFSM Montbéliard
En 1976, on distingue peu d'évolutions, l'aérodrome a désormais la disposition qu'il conserve actuellement. (Source IGN)
LFSM Montbéliard
En 1983 là encore, rien n'a changé. (Source IGN)
 En 1993, le terrain est doté d'une tour de contrôle puis en 2001-2002 le nombre de hangar augmente, c'est la dernière évolution notable de l'aérodrome.
LFSM Montbéliard
1992, on distingue les fondations de ce qui est actuellement l'aérogare/ tour de contrôle et qui ne sera achevé que l'année suivante.. (Source IGN)
LFSM Montbéliard
Enfin en 2000, j'ai tracé en blanc, la position des anciennes pistes en herbe (en 1956), on voit bien le changement d'orientation. (Source IGN)
LFSM Montbéliard
Voici l'aérodrome de nos jours. (Source IGN)
Dans le prochain article, je vous présenterai plus en détails les avions qui y sont basés actuellement.

 Bonne semaine

 Baptiste

sources : 
http://lfsm.free.fr/index51.php?menu=m599
http://www.aeroclub-montbeliard.new.fr/ http://www.heli4.com/article573.html


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6 commentaires:

  1. Bonjour Baptiste

    Très beau résumé de l'histoire locale.
    Si tu commence à faire comme j'ai fait avec "Aviation le Havre" tu n'as pas fini de découvrir des merveilles.
    On imagine pas la richesse aéronautique dans chaque région.

    Continue comme ça!

    Bonne fin de semaine
    A bientôt

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    Réponses
    1. Bonjour Sébastien,

      Je ne pensai pas initialement partir sur un article de ce style, mais quand on cherche sur ce genre de sujet, on ne sait jamais ce
      qu'on va trouver (j'ai d'ailleurs un autre article en préparation pour lequel j'ai eu également des surprises). Je me suis évidemment un peu inspiré de ta manière de faire sur aviation le havre. En ce moment j'ai du temps pour mes articles alors je vais tâcher de rattraper mon retard parce que ça ne va peut être pas durer !

      Bonne fin de semaine également

      Baptiste

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    2. Pour comprendre qu’il n’y avait pas de concurrence de 1916 et 1935 entre les œuvres M. E. OEHMICHEN et les hélicoptères coaxiaux purs du Marquis pateras-Pescara http://fr.calameo.com/books/000124057a01a1cbb1c21.
      Chacun ses mérites. M. Oehmichen était un ingénieur français et Raoul Pateras-Pescara un émigré d’Argentine de parents franco-argentin. Le film documentaire « Les incroyables machines du professeur Oehmichen » les réunis en s’appuyant sur des erreurs inadmissibles concernant l’Histoire de l’Aéronautique. Le rôle de pionnier de mon père est arrêté en 1923. etc.

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    3. Dans l’Aérophile de mai 1923, on pouvait lire que Raoul Pateras-Pescara " doit s’attaquer incessamment au prix de l’Aéroclub qui consiste dans un circuit fermé de 1 Km à une hauteur de 1 mètre minimum avec départ et atterrissage à l’intérieur d’un cercle de 10 mètres."
      Dans le bulletin officiel de l’Aéroclub de France publié dans l’Aérophile du 1 au 15 avril 1923 page 126 se trouve le règlement du concours :

      « un prix de 10.000FF offert par l'Aéro-club de France sera attribué au premier hélicoptère monté qui aura franchi une distance en circuit fermé de 1 Km, à une hauteur au-dessus du sol d'au moins 1 m.
      L'épreuve aura lieu en France continentale.
      Elle est ouverte internationale, sauf aux concurrents appartenant à un pays ayant été en guerre avec la France, de 1914 à 1918.
      Les conditions de l'épreuve prévoient la définition de la zone de départ qui est figurée par un cercle tracé sur le sol de 10 m de rayon ayant pour centre la projection du siège du pilote ; la hauteur d'évolution est contrôlée à l'aide d'un cordeau lesté d'un poids de 2 kg fixé en un point d'une verticale passant par le siège du pilote.
      Le poteau sera fixé à 500 m du centre du cercle dans une direction indiquée par le concurrent ; l'appareil devra virer autour du poteau et revenir atterrir, sans aucune avarie, dans la zone de départ. »
      Ce texte démontre l’ambiance d’après guerre. Un extrait d’article page 25 de La Nature du 2 juillet 1921 signé par Jean-Abei. Lefranc, breveté Mécanicien d’Avion « Ajoutons qu’un hélicoptère peut-être conçu en Italie, en tout cas construit en Espagne et commandité par la France se doit de n’être vraiment qu’un engin scientifique servant au rapprochement des nations.
      dans "Le vol vertical" le Lt Colonel Lamé en 1934 écrit page 239 que M. E. Oehmichen n'a pas eu le prix de 10000 fr. voir le texte dans: http://fr.calameo.com/books/000124057a01a1cbb1c21

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    4. Il n'y a pas deux versions. Pateras-Pescara parcouru avec son hélicoptère 2F la distance de 1160 m le 16 janvier 1924. En mai 1924 M. E. Oehmichen avec son laboratoire volant N°2 exécute un triangle de 1 km. Les journaux de l'époque signale l'exploit des deux pionniers. C.de Pescara ESIEE.

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  2. Bonjour,
    Pour information le terrain de Montbéliard-Courcelles a été bombardé le 10/05/1940. Il y avait (en théorie) le Groupe Aérien d’Observation n° 515 qui remplaça le GAO 543 le 22/10/1939.
    Ces GAO étaient affectés au 7e Corps d'Armée de la 8e Armée.
    SI vous trouvez des documents j'en serai très content...
    Ces informations sont tirées du récapitulatif des opérations du 7e CA. Archives Militaires de Vincennes.
    Bien cordialement.

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