samedi 8 décembre 2012

Mystère IV A C/N 245 EALC Corbas

Le mystère IVA C/N 245 codé 8-NN est arrivé à l'automne 2012 (en Novembre) dans la collection d'EALC à Corbas, en même temps que le lockheed T-33 21013 314-YZ dont je vous reparlerai plus tard. Ça fait déjà un an qu'on en entendait parler. Il s'agit désormais du plus vieil avion de chasse de la collection puisqu'il a été construit en 1956.
Sur le parking du MAE (merci pyperpote !)




Il semble que cet photo ait été prise au même endroit (peut être s'agit il d'un des hall
A ou B du musée de l'air du Bourget derrière l'appareil).




Le premier prototype de mystère IV A a pris l'air le 28 septembre 1952, après 3 ans d'essais en vol, l'appareil est entré en service en mai 1955. Le mystère IV comme tous les avions de l'époque est resté  peu longtemps en 1ère ligne, en effet, il dépassait mach 1 uniquement en descente ce qui était une bonne performance quand il est sorti mais plus du tout 5-6 ans plus tard quand les smb-2 sortirent en série et un peu plus tard quand les 1ers mirage III A (présérie) puis C arrivèrent. La vitesse de ces derniers (plus de mach 2) rendit le mystère IV désuet pour la mission d'interception. Cela ne marqua pas pour autant la fin de sa carrière (il connu encore la gloire au front en tant qu'avion d'attaque au sol aux mains des pilotes israëliens durant la guerre des six jours où les 59 appareils israéliens furent engagés massivement contre les armées arabes (égyptienne, jordanienne et irakienne). En France, il finit sa carrière opérationnelle en 1973 à la 7ème escadre de chasse remplacé par le SEPECAT Jaguar (lui aussi au musée à Corbas !). Donc 18 ans en unités de 1ère ligne (pas si mal mais actuellement, les appareils sont plutôt retirés du service au bout de 28/30 ans). Mais la carrière de l'appareil a tout de même continué puisque ses caractéristiques ont été jugées bonnes pour être le point de passage incontournable pour tout pilote de chasse de l'armée de l'air c'est à dire la bête de somme de l'escadron de transition opérationnelle (qui ne s'appelait pas encore comme ça). De 1964 à 1982, les EC 1/8 Saintonge et 2/8 Nice vont former tous les pilotes de chasse de l'armée de l'air sur la BA 120 de Cazaux, c'est donc là qu'en novembre 1982 les derniers appareils quittent le service laissant la place à l'alphajet après 27 ans de bons et loyaux services.
Le 245, au temps du service opérationnel en mai 1979, l'appareil portait déjà les couleurs actuelles(photos de Eric Tammer)

Le mystère IV dans l'armée de l'air, fait partie de l'histoire des 2ème, 5ème, 7ème, 8ème, 10ème et 12ème escadre de chasse soit une grande majorité (seule les 3ème, 4ème, 13ème et 30 ème sont passées à côté). Il a été l'avion de la patrouille de France durant 6 ans.Outre les 10 prototypes et avions de présérie, 411 appareils sont construits dont 242 sont livrés à l'armée de l'air, 59 à Israël et enfin, 110 à l'inde.

L'héritage de cet appareil et plus généralement de la famille des mystère peut toujours se voir aujourd'hui dans la famille Dassault, le super étendard (encore en service dans la marine jusqu'en 2015) en est l'héritier direct puisque l'étendard IV dont il dérive était initialement nommé mystère XXIV. Enfin, toute la famille des falcon découle directement des mystère (on retrouve particulièrement le dessin de l'aile sur le mystère/falcon 20) même si bien sûr leur design a énormément évolué en 50 ans.

L'exemplaire d'EALC provient de l'ex base 217 de Bretigny connue notamment pour avoir hébergé le CEV de nombreuses années et qui a malheureusement fermée en juillet 2012. De nombreux avions étaient exposés (ou stockés) là bas (Jaguar, mirage 5F, mirage IV, HSS-1, mystère IVA, T-33, Nord 260, Vautour) et heureusement de nombreuses musées français et autres associations se sont mobilisés pour sauver ces témoignages du patrimoine aéronautique français.

A Brétigny, on peut voir que l'appareil a déjà été nettoyé un peu à Corbas (la mousse a disparue).


Donc courant novembre le mystère IV a été démonté à Bretigny et rapatrié en poids lourd à Corbas où il est arrivé vers le 15. Cet appareil porte les couleurs du 2/8 nice d'un côté Spa 73 et de l'autre Spa 78, ce sont exactement les mêmes que celles qu'il portait en service à Cazaux au début des années 80 (c'est intéressant de voir qu'en 30 ans il a conservé ses couleurs). Cet appareil a fait brièvement partie des collections du musée de l'air et de l'espace du Bourget avant d'être exposé à Brétigny (curieux car les avions font rarement le chemin musée--> base aérienne, l'inverse est beaucoup plus courant !). La carrière de cet avion est intéressante puisque il a d'abord été affecté furtivement à la deuxième escadre de Dijon, puis à la 7ème à l'escadron 3/7 Languedoc puis au 2/8 Nice avec les codes 8-NB et 8-PB avant d'être vendu à Israël en tant que numéro "4590", il était affecté au 109 squadron à Ramat Davis Airbase (numéro d'avion "90") puis, le 26/02/1962, il a été rendu à l'armée de l'air (en même temps que les mystère IV 234 et 238) en échange d'un lot d'ouragans (374, 375, 376, 389, 399, 411 et 426). Plus de trace de lui ensuite jusqu'à son affectation à Cazaux dans les années 70. Il serait le dernier mystère IV A a avoir volé dans l'armée de l'air en novembre 1982.

Aux couleurs Israëliennes entre 1956 et 1962



Il est intéressant de voir la manière dont les appareils ont été livrés à Israël. Il faut d'abord savoir que les états unis, puis la suède ont refusés de livrer des Sabre et des Lansen à Israël qui a été obligé de se tourner vers la France. Voulant acheter les derniers appareil disponible, c'est d'abord le mystère IIC qui a été évalué. Devant la fiabilité décevante de l'appareil, il est décidé d'attendre le mystère IVA qui s'annonce meilleur. Israël achète donc des ouragans pour patienter, une attente qui s'annonce longue puisque les 225 premiers avions sont offerts par les Etats Unis à la France, il est donc hors de question de vendre de ces appareils a Israël (puisque les Etats Unis lui ont eux même refusé la vente du North American F-86 Sabre). Finalement, en avril 1956 les 12 premiers appareil destiné aux Israéliens s'envolent, les 12 suivants suivent en mai. La France veut alors livrer plus d'appareils à Israël mais sans attirer l'attention, les pattes de l'appareil sont cependant trop courte pour rejoindre le moyen orient en un seul vol, un arrêt en Italie (à Brindisi) s'avère nécessaire. La technique trouvée pour tromper les italiens était originale puisque les appareils étaient mis aux couleurs d'avion de la force aérienne Israélienne mais avec des numéro de série d'avions déjà livrés, ensuite, il suffisait de dire aux italiens que les avions étaient en panne et nécessitaient une réparation en France, les italiens, ne posèrent plus de question pour faire le plein des avions, se contentant de commenter la mauvaise qualité des avions français. C'est donc un total de 36 avions qui ont été livrés avec cette technique (en deux fois 18).

Octobre 1980, déjà retiré du service, exposé sur le parking du musée de l'air.


Il y a eu plusieurs versions de mystère IV dont les principales différences sont le moteur et l'empennage Les exemplaires 1 à 74 et 77 à 114 de l'appareil ont été équipés du Rolls Royce Tay et les suivants (115 à 250 ainsi que les 11, 23, 36, 52 et 53) avec un Hispano Suiza Verdon 350 (un dérivé du premier). de plus les 150 premiers exemplaires ont été équipé d'un empennage classique tandis que les suivants sont équipés d'une gouverne monobloc. Il existe également d'autres différences mais moins visibles que celles là. Cet exemplaire est donc un Verdon/monobloc, la version la plus évoluée de l'appareil.

Détail des différentes versions du mystère IVA


Vous pouvez dès à présent venir le voir chez EALC à Corbas, bonne visite !


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