vendredi 28 février 2014

Le Camp Aéronautique de Belfort

Bonjour, 

Aujourd'hui, voici un article totalement historique sur un sujet qui a captivé quelques unes de mes soirées. En effet, en faisant quelques recherches de photographies sur Belfort au début du 20ème siècle j'ai eu la surprise de trouver des photos de ballons dirigeable et autres avions qui appartenaient au camp aéronautique de Belfort. Or, il en faut beaucoup moins pour attirer mon attention ! J'ai donc cherché à savoir où se trouvait cet aérodrome pour pouvoir éventuellement trouver des vestiges. C'est parti pour la chasse au trésor, il s'agit d'abord de collecter le maximum de photographies et d'informations de ce camp aéronautique. On y voit de bien belles choses, outre les dirigeables Lieutnant Chauré (du nom d'un aérostier mort dans la catastrophe du dirigeable république) et liberté, on peut voir des escadrilles de Blériot...


Centre aéronautique de Belfort






Centre d'aviation de Belfort
Le centre d'aviation  de Belfort vers 1912.

Centre d'aviation de Belfort champ de mars
Dans toutes la France, des hangar à Dirigeable ont été installés, leurs dimensions étaient très impressionnantes.

Centre d'aviation de Belfort
Le lieutenant Chauré sur le champs de mars. Cette photo a été prise juste après la précédente.



Centre d'aviation de Belfort
Le nom "lieutnant Chauré" vient d'un des hommes de l'équipage du dirigeable république 




Centre d'aviation de Belfort
L'équipage du république, le Capitaine Marchal, le lieutant Chauré et les adjudants Vincenot et Réau.



Le 2509/1909, une des pale d'hélice du république se brise perforant le ballon qui s'écrase et tue ses 4 membres d'équipage.

Un monument leur est dédié à l'endroit où le dirigeable s'est écrasé dans l'allier (03).





Sur les photos du camp aéronautique de Belfort, les légendes donnent plusieurs nom pour la localisation: champ de mars, parc à ballon..., bizarrement, ça ne m'évoque pas grand chose comme lieu à Belfort. Je cherche donc des vues aériennes sur Géoportail, la plus vieille que je trouve remonte à 1924, trop tard pour apercevoir des avions puisque ils ont été évacués le 8 février 1916 pour échapper aux bombardements allemands, mais au fur et à mesure des recoupements entre les photos, les vues aériennes... Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que l'aérodrome était à une dizaine de mètres seulement de mon immeuble ! 
J'en ai la confirmation un peu plus tard en tombant sur un blog dont un article publié le jour même de mes premières recheches évoque le sujet, sympa comme coïncidence ! C'est quand même magique de se dire que 100 ans en arrière j'étais voisin d'un aérodrome où une dizaine de Blériot volait !




C'est également là qu'a eu lieu le 1er vol d'un avion à Belfort le 18/07/1909, piloté par le capitaine Ferdinand Ferber (brevet de pilote N°5 Bis) sur un aéroplane voisin à moteur Antoinette (l'un des meilleur moteur de l'époque, du nom de la fille d'un des industriel qui le fabriquait).

Le premier décollage sur le champ de mars. L'appareil est le biplan voisin du capitaine Ferber qui mourra sur ce même appareil le 22 septembre de la même année écrasé par le moteur de l'avion lors d'un atterrissage qui a mal tourné à Boulogne sur Mer.


Une semaine plus tard, Louis Blériot effectuait la première traversée de la manche en 38 minutes à bord du premier Blériot XI.


Pour ceux qui connaissent, l'appareil est du même type que l'appareil que pilotait Armand Zipfel en 1908 lors du 1er vol en région lyonnaise et dont EALC possède une réplique construite par des étudiants de l'INSA.




Après cet épisode, on revoit des avions à Belfort pendant les manœuvres de l’Est du 5 au 15 septembre 1911.


Pour l'armée, les résultats des premières expérimentations de 1910 ont été si importants, qu'il n'est plus concevable que des manœuvres aient lieu sans le concours de l'aviation. Aussi, aux manœuvres de l'Est, du 5 au 15 septembre 1911 et aux manœuvres des Ardennes du 10 au 18 septembre 1911, vont prendre part 25, puis 22 appareils militaires. 
De jour en jour, l'aviation militaire s'organise. Des parcs, avec des camions automobiles-ateliers, des tracteurs de transport pour le personnel, remorques pour les avions tractés sur route, ailes repliées, sont expérimentés. Le point faible, qui était le manque de moyens d'entretien et de réparation en campagne, est considérablement amélioré.

Des vols remarquables sont accomplis. On doit retenir que les 25 appareils prenant part aux manoeuvres de l'Est se concentrent le 15 septembre sur le terrain d'Héricourt et, le 16, au reçu d'un ordre inopiné, décollent et atterrissent tous, une 1/2 heure plus tard, sur le polygone de Belfort.








champ de mars Belfort juillet 1909
Une photo du 16/09/1911, pendant les grandes manœuvres militaires de l'est sur le champ de mars. On le voit, déjà à l'époque, l'aviation attirait les foules. Au 1er plan, un monoplan Deperdussin B de 1911, à l’extrême droite, un Blériot XI-2, à côté de lui, le biplan Farman HF-7 des photos précédentes.
La maison avec la façade verte est la grande maison à l'arrière plan.
Début 1912, l'armée installe plusieurs centre d'aviation dans toute la France, Belfort en fait partie, par le décret du 22 août 1912, la vocation de Belfort est confirmée comme centre aéronautique avec le Champ de Mars comme piste d’atterrissage. Le 1er octobre 1912, le lieutenant Sylvestre prend le commandement de la 25ème Section d'aéronautique de Belfort.



Au début de la guerre, le camp aéronautique de Belfort est rattaché à l’un des trois groupes aéronautiques, celui de Reims avec Verdun, Toul et Epinal.

Champ de mars Belfort
La structure d'un des deux hangar à ballon lors de leur construction
Les débuts des dirigeables à Belfort qui était alors encore dans le haut Rhin.

Hangars dirigeables
Les hangars des dirigeable vu depuis le centre ville de Belfort.
Centre aéronautique de Belfort
Vue depuis la colline de la Miotte, les deux hangars, au fond, le mont Salbert.






Champ de mars Belfort
Les hangars des aéroplane le long de l'avenue Jean moulin (les maisons de l'arrière plan existent encore).



Les escadrilles BL3 et BL 10 y sont basées avant le début de la 1ère guerre mondiale.
En avril 1915 l'escadrille MS 49 est créé sur le terrain, elle y restera très brièvement puisque dès mai on la retrouve non loin de là à Lure.
Le 4/06/1915, une escadrille de bombardement est créée sur l'aérodrome : la MF 29 qui part pour Luxeuil en avril 1916. D'autres formations y seront basées plus épisodiquement comme la MS 49 en 04/1915, la C61 entre 11/1915 et 03/1916 ainsi que la MF 5 en août / septembre 1916. Après cela le terrain  n'accueille plus d'avions, il est trop vulnérable aux bombardements allemands.



  • L'escadrille BL 3


Créée en juillet 1912 au camp d'aviation de Pau, l'escadrille BL 3 (Chaque escadrille porte un numéro d’ordre suivant sa date de création, numéro précédé du sigle du constructeur de l’appareil qu’elle utilise BL pour Blériot, N pour Nieuport, Br pour Breguet, SPA pour SPAD...) est dotée de Blériot XI-2. Elle est placée sous le commandement du Lieutenant Bellenger, un pionnier de l'aviation militaire française. Après avoir pris part aux manœuvres du 8 au 18 septembre 1912, qui se déroulèrent dans le Poitou, cette escadrille fut envoyée sur le terrain du Champ de Mars à Belfort où elle se trouvait encore, sous les ordres de l'armée d'Alsace, lors de la déclaration de guerre.

L'escadrille BL 3 se dédouble en 1913 pour former la BL 10.

Les Blériot biplaces XI-2, dont la 3 était équipée, participèrent à l'offensive contre Mulhouse, puis effectuèrent de nombreuses missions de bombardement contre les forces allemandes dans les Vosges. A la fin du mois d'août 1914, l'escadrille quitta l'Alsace pour rejoindre la VIème armée chargée de la défense de Paris, mais fut subordonnée en fait à la IXème armée du général Foch, pendant la bataille de la Marne.

vue de l'aviation militaire sur le terrain de Villacoublay, le 27 septembre 1912 pour les Blériot XI-2 de l'escadrille BL3


Blériot XI n° 183 de l'escadrille BL 3 qui a terminé son atterrissage dans un champ de maïs

Une instruction du 26 juillet 1912, prévoit que le sigle de chaque avionneur devra figurer sur le gouvernail de direction de l’avion fourni à l’armée, ainsi que la charge maximale. D’autre part, des cocardes tricolores de un mètre de diamètre seront peintes de chaque coté du fuselage et sous chaque aile.

Blériot XI de l’escadrille BL 3 à Saint Clar (Gers), parti bleu, septembre 1913 - Photo Archives départementales de Haute Garonne.




Les Blériot montrèrent vite leurs limites et furent remplacés par les Morane-Saulnier Parasol au début de l'année 1915 et fut rebaptisée MS 3. Le Capitaine Antonin Brocard prit le commandement de l'unité, le 18 mars 1915. Celle-ci accueillit dans ses rangs des pilotes qui allaient devenir célèbres Deullin, Guynemer, Tarascon. Le Capitaine Brocard remporta la première victoire de l'unité, le 3 juillet 1915, contre un Albatros C sur Dreslincourt. Le 18 août 1915, l'escadrille se dédouble à nouveau pour former la MF 62.

Elle perçoit plusieurs types d'avions Nieuport à partir de juin 1915. Entièrement équipée d'avions de ce constructeur, elle prend la dénomination de N 3, en février 1916. A cette époque, les allemands venaient d'attaquer Verdun et détenaient la suprématie aérienne, obligeant le commandement français à concentrer dans ce secteur, les meilleurs pilotes de chasse. Au début de mars, Brocard, Peretti et Guynemer s'installèrent sur le terrain de Vadelaincourt pour attaquer les avions ennemis. Les victoires furent vite au rendez-vous mais des pertes furent à signaler avec la mort de Peretti et les blessures de Brocard et Guynemer.

Un Nieuport



C'est en novembre 1916 qui fut adopté l'insigne de l'unité, la cigogne à l'envol ailes basses. le 1er juillet 1916, la N 3 fut engagée dans l'offensive de la Somme, au cours de laquelle ses pilotes portèrent le score de l'unité à 65 victoires (en date du 10 octobre 1916). L'escadrille obtient sa 100ème victoire homologuée, le 8 février 1917.
En avril 1917, l'escadrille est entièrement dotée de Spad VII, les Nieuport 11 et 17 étant démodés. Il faut quand même préciser que certains pilotes de l'escadrille avaient perçu un Spad VII beaucoup plus tôt.
L'escadrille qui volait sur Spad depuis avril, reçoit enfin l'appellation de Spa 3 en octobre 1917. Elle effectue encore un court séjour dans la région de Verdun au début de l'année 1918 et prit part aux combats qui marquèrent les offensives allemandes du printemps et de l'été 1918.

Le Spad VII, un de mes avion préféré du 1er conflit mondial. 

Un SPAD (Société Pour l'Aviation et ses Dérivés) de la SPA 3 cigognes.


Le 11 novembre 1918, la SPA 3 était l'unité la plus célèbre de l'aéronautique militaire française. Ses équipages étaient titulaires de 178 victoires homologuées. Il faut ajouter à ce total impressionnant 204 autres victoires non homologuées ou probables.
Aujourd'hui, la Cigogne de la SPA 3 vol toujours mais à près de Mach 2 sur la dérive des mirage 2000-5 de l'escadron de chasse 1/2 Cigogne basée non loin de Belfort, à Luxeuil (pour combien de temps ?).

1/2 Cigognes SPA 3
Un mirage 200-5F de l'escadron de chasse 1/2 Cigogne basé sur la BA 116 de Luxeuil St Sauveur depuis 2010 après être resté de longues années rattaché à la BA 102 de Dijon Longvic. L'appareil est aux couleurs de la SPA 3.


  • L'escadrille BL 10
L'escadrille BL 10 est constituée au cours de l'année 1913 par dédoublement de l'escadrille BL 3. Les deux unités, équipées de Blériot XI, sont stationnées sur le terrain du champ de Mars de Belfort. Quand débuta la guerre, cette escadrille, qui s'est distinguée lors de manœuvres de 1913, compte dans ses rangs des pilotes qui vont devenir célèbres comme Sadi-Lecointe et Thoret. Ce dernier sera le pilote qui effectuera le dernier combat aérien du front occidental mais sans toutefois abattre son adversaire. 
Commandée par le capitaine Zaparoff, la BL 10 fut mise à disposition de la IX ème Armée du Général Foch en septembre 1915. Elle prend part à la bataille de la Marne, après avoir participé aux combats menés en Alsace par l'armée du général Dubail.
Equipée successivement de Caudron G 3, G 4 et G 6 à partir du mois d'avril 1915, cette unité devient l'escadrille organique du 35ème Corps d'armée au début de cette même année.


Rebaptisée C 10 en même temps qu'elle passe sous le commandement du capitaine Mercier, cette formation prend part aux batailles livrées sur l'Aisne, en Champagne, en Artois et en Picardie. Elle va d'ailleurs se distinguer en juin 1918, trois mois après avoir perçu les Salmson 2A2, sous les ordres du capitaine Pène, en accomplissant de nombreuses liaisons d'infanterie dans des conditions atmosphériques difficiles et face à une chasse adverse très mordante.

Les traditions de cette escadrilles n'ont pas été reprise par l'armée de l'air.



Champ de mars Belfort
Un Blériot XI-2 de la BL 10 au décollage sur le champ de mars: "Lachez tout !"  Plusieurs des maisons de l'arrière plan existent toujours là aussi.

Belfort, en 2014, on reconnait la maison du centre de la photo.
Celle-ci est celle de l'extrême droite sur la photo.



  • L'escadrille MF29
Du 4 juin 1915 au 1er avril 1916, elle est stationnée à Belfort.
Le lieutenant Floch et le sergent Rodde participaient, le 18 mars 1916, au bombardement d'Habsheim et de Mulhouse. En chemin, un rideau d'avions ennemis cherche à s'opposer au passage des vingt-trois nôtres.
Des combats furieux s'engagent. Au cours de l'un d'eux, un Fokker atteint le réservoir d'essence de l'avion de Rodde et Floch. Là encore c'est la mort la plus atroce : le saut dans le vide parmi les flammes. Les Français ont compris le sort qui les attendait. Ils veulent bien mourir, mais après s'être vengés. Et d'un virage subit, ils se tournent vers le Fokker qui les poursuit encore, se précipitent contre lui, le heurtent, le brisent, 'attachent en quelque sorte à eux.
Et c'est alors une torsade de feu qui tombe vers le sol : les victimes entraînent dans le néant leur vainqueur.


Alignement des MF 11 de l'escadrille MF 29 sur le terrain de Belfort, le 30 juillet 1915 - Ce jour, Huit avions de l'escadrille sont engagés dans le bombardement de la gare de Fribourg-en-Brisgau. A l'arrière plan, la colline de la Miotte.


Cne Maurice Happe, à droite, commandant l'escadrille MF 29, présente un MF 11 bis de son unité à un visiteur. L'avion porte le premier insigne de l'unité, une Croix de Guerre, adoptée pour commémorer la citation à l'ordre de l'armée à l'occasion de la mort de cinq mécaniciens et de la blessure très grave du caporal Longueteau lors de l'explosion au sol d'un obus de 90, le 14 septembre 1915.

MF 11 n° 742 de l'équipage composé par le Sgt Fenech (pilote) et le soldat de 2ème classe Modeste Leclerc (mitrailleur / bombardier) et qui a pris part à la mission sur Fribourg-en-Brisgau, le 31 juillet 1915 - On aperçoit sous le nez de l'appareil les deux lance-bombes de conception MF 29

MF 11 de la MF 29 photographié sur le terrain de Belfort, le 15 août 1915 - Cet avion porte le nom de baptème "Vampire" du coté gauche


Cérémonie de remise de la Médaille militaire aux équipages appartenant au GB 4 sur le terrain de Belfort, le 8 décembre 1916

  • L'escadrille MS 49
Créée MS 49 en avril 1915 elle est la 1ère escadrille de chasse créée comme telle. Elle est connue pour avoir eu parmi ses pilotes le célèbre Adolphe Pégoud:



Le 19 août 1913, il réussit un saut en parachute au départ de l'aérodrome de Châteaufort dans les Yvelines en abandonnant au-dessus du domaine de la Geneste un avion sacrifié pour l'occasion, un vieux Blériot XI. Avec l'inventeur Bonnet qui a mis au point ce système de parachute fixé sur le fuselage, ils démontrent ainsi l'efficacité d'un tel dispositif en cas d'avarie dans les airs. Pendant que l’audacieux Pégoud descend « en père peinard » (note-il dans ses propres carnets aujourd'hui disparus), son avion, alors livré à lui-même, forme dans le ciel de curieuses arabesques avant de s’écraser au sol. Dès cet instant, Pégoud est convaincu qu’un avion peut effectuer des manœuvres jusqu’ici impensables qui permettraient, dans bien des cas, de sauver la vie de pilotes en situations jugées désespérées, et il va le prouver. Le 1er septembre 1913, Pégoud exécute à Juvisy-sur-Orge (Essonne), en présence de Louis Blériot, le premier vol « tête en bas » de l’histoire, sur 400 mètres. C’est un nouvel exploit qu'il réitère le lendemain, à Buc (Yvelines) sur 700 mètres devant des représentants de l’aviation civile et militaire. Quelques semaines plus tard, toujours à Buc, il réalise le 21 septembre 1913 une série de figures acrobatiques et termine son programme en « bouclant la boucle », l'un des tout premiers looping (avec celui de Pyotr Nesterov (en)). Dès lors, c’est la gloire. Toute la presse s’empare de l’événement. Il est acclamé, ovationné. Ses exhibitions sont plébiscitées partout en Europe jusqu’en Russie. Sa popularité est sans égale, y compris en Allemagne.










Adolphe Pégoud trouva la mort le 31 août 1915 en combat aérien. Au cours d'une mission de reconnaissance au-dessus de la région de Belfort, il avait repéré un Taube d'un nouveau modèle, fortement blindé; deux fois de suite, Pégoud essaya de l'abattre, mais ses balles rebondissaient sur le fuselage. Craignant d'être touché, le pilote allemand, Kandulski, décida de rompre le combat pendant que son mitrailleur, l'Oberleutnant von Bilitz, lâchait une dernière rafale. Pégoud fut atteint au cou et eut l'aorte sectionnée par un projectile. Son biplan tomba alors comme une pierre.






Les deux Allemands apprirent le 6 septembre suivant le nom de l'aviateur qu'ils étaient parvenus à abattre. Ils vinrent lâcher sur le terrain de la MS.49 le message suivant : « A l'aviateur Pégoud, tombé en combattant pour sa patrie"






Mais la guerre continue, le 20/09/1915, l'escadrille perçoit de nouveaux avions  devient N49 puis SPA 49 e, 12/1917, ses traditions ont disparues en 1933.
 

  • L'escadrille MF5:


Créée à Saint-Cyr en décembre 1912, l'escadrille n° 5 prend part aux grandes manoeuvres du 11 au 17 septembre 1913 sous le commandement du Capitaine Pierre Voisin. Au début de la guerre, la MF 5 qui dépend du 1er Groupe d'aviation, met en oeuvre six Maurice Farman, le 10 août 1914. Elle opère d'abord dans la région d'Epinal, avant d'être transférée à Belfort en septembre.

Des biplans Maurice Farman MF 9 de la MF 5


Elle rejoint le secteur du saillant de Saint-Mihiel et effectue de nombreuses missions de reconnaissance et d'observation. Dépendant de la 1ère Armée à partir d'avril 1915, l'escadrille commandée par le Capitaine Bordes passe à la IIème Armée en juin de la même année dans le secteur de Verdun.
A partir de février 1917, elle participe à l'offensive d'avril sous le commandement de la IVème Armée. En juin, elle est placée sous les ordres du 33ème corps d'Armée .
En septembre 1917, elle abandonne ses Farman, passe sur Sopwith 1 A2 et devient la SOP 5. En juillet 1918, sous le commandement du Capitaine Franck de Peyronnet, elle touche des Salmson 2A2 et devient la SAL 5.
A l'armistice, la SAL 5, sous les ordres du Ltt Ernest Meunier, était rattachée organiquement au 6ème Corps d'armée. Elle sera finalement dissoute en août 1919.


L'escadrille C61:

Il existe peu d'informations pour cette escadrille.




http://www.pyperpote.tonsite.biz/patrimoines/index.php?option=com_content&view=article&id=21:bleriot-xi-les-appareils-sauvegardes&catid=3:un-appareil&Itemid=7



Reste à savoir pourquoi les hangars à Dirigeable ne sont plus là en 1924, où est-ce qu'ils était situés, ce qu'est devenu le site après et pourquoi il ne reste aucun vestige de cette époque à part les noms de rues (rue des frères Montgolfier, rue Auguste Piccard, avenue du champ de mars).

Pour ce qui est de la première question:





Plusieurs hangars du même type ont été démontés pour servir à la construction de deux nouveaux hangars situés dans le sud de la france sur l'aérodrome de Cuers Pierrefeu où un dirigeable de grande dimension confisqué au allemand, fut basé. 

Un marché est passé le 29 août 1917 avec la Société anonyme de navigation aérienne en 1917. Pour le démontage, le transport et le remontage d'un hangar. Il s'agissait de celui de Belfort et de parties de ceux de
Verdun et de Toul (longueur 250 m, largeur 40 m, hauteur 30 m, portée à 45 m par la construction de murs en briques à la base des parois).
             Les opérations, de remontage en particulier, exécutées par l'entreprise Lissard, à partir de 1918, se heurtèrent à d'importantes difficultés qui bouleversèrent les prévisions. Le premier hangar (actuel hangar N°I ) ne fut achevé qu'en octobre 1921. Le second hangar (hangar N°2 actuel), qui fit l'objet d'un marché passé en 1918, fut construit à partir de ceux de Toul, Epinal et Verdun et achevé en 1922. 


Ce dirigeable basé à Cuers, était le Dixmude (du nom d'une bataille sanglante de 1914), il sera tristement célèbre lorsque il disparue en méditerranée avec tout son équipage le 21 décembre 1923 foudroyé en plein vol, son hydrogène s'est enflammé ne laissant aucune chance aux 45 marins.

Hangars Dirigeable
Les deux hangars de Cuers qui ont abrités le dirigeable Dixmude.


 En 1974, devant le coût prohibitif de leur entretien, a marine décide de démolir les deux hangars à dirigeables et de reconstruire les installations qui y sont implantées. Le 16 janvier 1978, la démolition du hangar n°1 commence et lors d'une tempête dans la nuit du 27 au 28 novembre 1983 le hangar n°2, en cours de démolition, s’effondre à 06h10 sous la violence du mistral !

Voilà pourquoi on ne trouve plus trace de ces hangars à Belfort.

Une fois ces hangars démontés, après 1918, le centre de Belfort à perdu sa vocation aéronautique mais pas sa vocation militaire puisque le site se développe tout au long du 20ème siècle. L'unité qui y est implanté est une annexe de l'ERM de Besançon (Etablissement Régional du Matériel). En 1989, l'ERM compte 130 permanents et se voit chargé du soutien d'une dizaine de régiments, il sera finalement dissous à la fin des années 90 du fait des restrictions budgétaires. Le site abandonné, il ne tarde pas à intéresser la municipalité et les promoteurs qui y voient une grande surface disponible à proximité du centre ville. De 2001 à 2014, le paysage se transforme, un à un les bâtiments militaires sont rasés jusqu'à ce qu'il n'en reste rien...




Reste la dernière question, où étaient situés ces hangars ? N'ayant pas de vue aérienne de 1919, il me faudra de nombreux recoupement photographique pour arriver finalement à situer les deux hangars à dirigeables et ceux à avions avec certitude.

Pour confirmer cela rien de mieux que d'aller sur le terrain, surtout qu'il n'est vraiment pas loin ! Me voilà donc parti sur le champ de mars, matériel photo sur l'épaule. La mission s'annonce compliquée, vu par satellite, quasiment tout a été rasé alors sur le terrain... Mais je ne suis pas découragé tout d'abord, impossible de retrouver des restes des hangars à avions, toute la zone a été reconstruite. Par contre si vous regarder une photo d'époque, il y a des maisons derrière les hangars et elles existent toujours comme vous avez pu le voir au début de l'article:

un peu plus loin, il n'y a plus que de l'herbe à l'emplacement des hangars à dirigeable, mais je m'y attendais par contre, là aussi on peu reconnaître des éléments qui étaient présents sur les photos d'époque:
































Enfin, à l'extrémité du champ de mars, la plus proche du centre ville, voici enfin un bâtiment d'époque, il est dans une enceinte grillagée mais ce dernier à été détruit par endroit, je découvre en effet en pénétrant dans le bâtiment qu'il est en ruine, tagué, abandonné...









J'ai essayé de comprendre quelle était cette inscription sachant que werk veut dire usine en allemand, peut être est-ce de l'alsacien qui désignerait un atelier.


Dommage pour la dernière preuve d'existence du camp aéronautique de Belfort. Pour finir deux vues aériennes de la zone :

Le champ de mars en 1924

Et en 2013



















-->



8 commentaires:

  1. encore un article d'une rare qualité, félicitation Baptiste . Daniel S

    RépondreSupprimer
  2. Salut Baptiste

    Je dis chapeau bas, pour cet article très complet.
    J'espère que des personnes pourront t'aider dans tes recherches et traduire l'enseigne allemande.
    Fait attention c'est très prenant, mais aussi très intéressant à faire.

    Excellent week end
    A+

    RépondreSupprimer
  3. Merci à tout les deux, je me fais aussi plaisir en faisant cela, même si parfois les articles devraient être mieux finis. Bien sûr tout n'est pas de moi, j'ai eu notamment recourt à l'excellent site: http://albindenis.free.fr/Site_escadrille/page_centaine.htm pour ce qui concerne les escadrilles.

    Bonne journée

    Baptiste

    RépondreSupprimer
  4. Bonjour
    Heureux hasard,
    Je découvre votre bel article et merci d'avoir cité le mien !
    Ils sont complémentaires bien que le votre à un spectre beaucoup plus large.
    Pour information, je finalise un article sur Adolphe Pégoud.
    Cdlt

    RépondreSupprimer
  5. Passionnant, merci !!

    RépondreSupprimer
  6. Mach'allah cette article est trop hekma

    RépondreSupprimer
  7. Bonsoir,
    Je viens de découvrir cet article grâce à un forum de collectionneurs. Je le trouve très bien conçu et parfaitement documenté. Bravo et merci à l'auteur pour cet excellent travail.
    Je recherche des informations sur le ballon captif "Austerlitz" dont un laché a eu lieu à Belfort le 14 juillet 1909. Je possède une carte postale qui relate l'évènement mais je n'ai trouvé aucune information sur le sujet. Je poursuis les recherches. Avec mes cordiales salutations.

    RépondreSupprimer
  8. Bonjour,
    et merci pour cet article très fouillé. Les bâtiments ateliers, ou l'on lit "interdit de fumer" sont sans doute liés au gazomètre du parc à ballon, à proximité immédiate. Les gazomètres contenaient généralement du gaz de ville, mais juste à côté du petit hangar à ballon, on peut supposer que ces installation contenaient de l'hydrogène pour remplir les dirigeables (comme c'est le cas dans d'autres parcs). Un photo d'époque (1915) où l'on voit un reservoir, à l'arrière des bâtiment peut être consultée ici : https://archives.territoiredebelfort.fr/ark:/12997/czdm0h984xf7/e5506a9a-664e-4591-8d40-593026f92e99
    Un peu plus tard en 1924, on voit encore les bâtiments, mais le gazomètre semble être démonté, à peine peut-on deviner son empreinte au sol https://remonterletemps.ign.fr/telecharger?x=6.859899&y=47.646177&z=15&layer=GEOGRAPHICALGRIDSYSTEMS.MAPS.SCAN-EXPRESS.STANDARD&demat=DEMAT.PVA$GEOPORTAIL:DEMAT;PHOTOS&missionId=missions.4971051

    RépondreSupprimer