Bonjour,
Aujourd'hui je vais vous parler d'un avion dont je ne parle pas beaucoup habituellement mais comme tout avion, dès qu'on creuse un peu, ça devient intéressant, voici l'histoire du Morane Saulnier 733 Alcyon:
A la fin de la deuxième guerre mondiale, l'armée de l'air comme la marine avaient besoin d'un avion d'entrainement moderne destiné à la formation de base. C'est ainsi qu'en 1949 un marché d'état est passé pour répondre a cette demande commune des deux armée.
Aujourd'hui je vais vous parler d'un avion dont je ne parle pas beaucoup habituellement mais comme tout avion, dès qu'on creuse un peu, ça devient intéressant, voici l'histoire du Morane Saulnier 733 Alcyon:
A la fin de la deuxième guerre mondiale, l'armée de l'air comme la marine avaient besoin d'un avion d'entrainement moderne destiné à la formation de base. C'est ainsi qu'en 1949 un marché d'état est passé pour répondre a cette demande commune des deux armée.
Pour répondre à cette offre, la firme Morane Saulnier est sur les rangs, elle a déjà fournie l'armée de l'air en avion d'entrainement depuis de longue années notamment avec la série des MS 230, 315, 317 avant guerre puis le MS 472 Vanneau biplace d'entrainement à la chasse qui a volé en décembre 1945 et a été commandé à 233 exemplaires est son premier succès d'après guerre. L'entreprise compte bien conserver ce savoir faire et reconquérir les marchés qu'elle a perdue.
Le Morane Saulnier 230, construit à 1100 exemplaires dans les années 20 |
Le MS 472, 1er succès de l'après guerre pour Morane Saulnier |
Afin de remporter l'appel d'offre de l'armée; le 1er prototype développé par la firme est le Morane Saulnier 730 qui vole le 11 aout 1949. Il n'est construit qu'a un seul exemplaire mais a déjà l'allure d'un Morane 733 Alcyon. Cependant il a des différences:
- Moteur Mathis 8G.20 inversé V8 de 180 chevaux
- trains d’atterrissage fixes
Le MS 730-01 immatriculé F-WFOB |
L'Argus As 10 |
Cependant, il ne répond pas au cahier des charges fixés par l'état notemment à cause de son moteur jugé pas assez puissant, le mathis est donc rapidement remplacé par un Argus As-10 de 240ch ( pratique car déjà utilisé sur un appareil produit en série, le MS-500 (le Storch francisé)). L'appareil ainsi remotorisé vole en novembre 1949 sous l'appelation MS-731 cependant, lui non plus ne sera pas produit en série (peut-être parce que l'Argus As-10 n'est pas disponible en quantité suffisante (c'est un moteur d'origine allemande dont la conception remonte à la fin des années 20).
Une autre version dotée d'un Argus Salmson 8 de 250cv (toujours à train d’atterrissage fixe) vole aussi.
Une dernière version est développée (cette fois ce sera la bonne) en 1951, le moteur allemand Argus est remplacé par un Potez français de la même puissance, le Potez 6D.30, par ailleurs, l'appareil est équipé d'un train d'atterrissage rentrant afin de donner à l'appareil une meilleur aérodynamique (et surement également pour donner à l'appareil des caractéristiques plus proches des appareils que l'élève aura à piloter ensuite).
Le Potez 6D 30 |
C'est ainsi que le 16 avril 1951, il y a maintenant 62 ans, le désormais nommé MS 733 fait son premier vol. Il est suivi de 5 avions de pré-production puis 200 avions de série réalisés dans l'usine de Puteaux. Les appareils sont répartis ainsi:
- 40 pour l'aéronavale française
- 15 pour le Cambodge
- 145 pour l'armée de l'air (dont 70 équipés de mitrailleuses).
La chaîne de production en 1957. Il s'agit des appareils de l'aéronavale donc la fin de série. |
En 1952, l'appareil entre en service dans l'armée de l'air. C'est un succès pour Morane Saulnier puisque ses qualité de vol sont reconnues.
En juin 1955, c'est au tour du Cambodge d'être équipé du nouvel appareil avec l'arrivé des premiers à Saïgon, ils appartient au gouvernement Royal Khmer qui les utilisera au sein de l'école de Phnom-Penh.
Un Ms 733 aux couleurs du Cambodge (celui-ci ne l'a jamais été originellement, on peut le voir à son hélice tripale et à sa discrète immatriculation G-SHOW) |
Les MS 733 au Cambodge. |
L’Aéronautique navale reçoit ces premiers MS.733 le 17 janvier 1957. Ses 40 appareils sont les 160 à 199 (fin de série). Les livraisons s’étalent jusqu’au début 1958. La première escadrille à en être destinataire est la 51.S et sont totalement opérationnels en octobre 1957. Ils viennent remplacer les Stampes SV-4C retirés du service et les Nord 1002. Ils ont également volés à la 3S (1961 à 1967)à Cuers, la 10S (de 1963 à 1973), la 11S (1962 à 1964) et à la SVS de Lanvéoc (1968 à 1974) date de l'arrivée du MS 880 Rallye, encore un Morane Saulnier qui va battre tous les records de longévité avec quasi 40 ans de service puisqu'il est encore là de nos jours !).
Le MS 733 166, l'un des derniers construit alors qu'il appartenait à l'escadrille 51S (entre 1957 et 1961) à Khourigba |
A la 10S entre 1963 et 1973, on voit bien l'hélice bipale qui a toujours équipée les MS 733 de la marine. |
Il se présente sous la forme d'un triplace monomoteur et monoplan aile basse de construction entièrement métallique à train rétractable doté d'une avionique moderne et complète (à l'époque), avec tous les équipements IFR, deux VOR-ILS, un ADF, deux VHF, un horizon artificiel et un gyroscope directionnel.. Son cockpit triplace permet d'avoir côte à côte à l'avant un élève et un instructeur ainsi qu'un autre élève qui peut observer le vol du 1er élève depuis l'arrière et éventuellement prendre sa place ultérieurement. La visibilité à bord de l'avion est très bonne grâce à la verrière coulissante d'une seule pièce.
La planche de bord du MS 733 (Photo René Maurines) |
Le cockpit parait assez clair et rappel un peu celui du MS 760 Paris. |
L'avion permettait de passer les figures de base de la voltige mais uniquement en configuration biplace. L'appareil a été étudié dès l'origine pour la formation des pilotes on retrouve ainsi des patins sous le fuselage destiné aux atterrissage sur le ventre en cas d'oubli du train d'atterrissage par l'élève.
Son comportement en vol fait de lui un bon avion école militaire avec de bonnes facultés formatrices avec cependant un bémol concernant sa motorisation qui pouvait s'avérer un peu faible.
En effet, dans certaines configuration (3 membres d'équipage à bord, piste un peu courte, température et altitude élevée), le décollage pouvait s'avérer risqué voir impossible.
Deux missions principales étaient assignées à cet avion qui comptait plusieurs innovations techniques : la formation initiale des jeunes pilotes de chasse et l'entraînement au tir à la mitrailleuse, aux roquettes et au bombardement léger (C'est à partir de 1956 qu’apparaît la version armée). " L'Alcyon "puisque c'est comme ça qu'il est nommé dans l'armée est déjà un gros avion, un peu plus petit que le " T6 ", mais imposant malgré tout.
Le 125, après une carrière à l'école de l'air et au SEFA, il continuera dans le civil à ravir les amateurs d'aéronautique (carrière typique pour un MS 733). |
Outre ces missions principales dans l'armée, il a été utilisé également en école de Navigateur mitrailleur mitrailleur à la DIOM de Caen-Carpiquet (Division d'Instruction des Observateurs et Mitrailleurs de la Base Ecole 720 de Caen). Les militaires affectés a cette unité ont notamment servis en AFN sur les Sikorsky H-34 "Pirate" (c'est à dire équipé d'un canon de 20mm sur le sabord).
L'insigne de la DIOM |
Trois mois de stages partagés entre l'instruction militaire, les cours spécifiquement aéronautiques (navigation, météo). L'entraînement, principalement effectué sur des avions, préparait les hommes aux fonctions d'observateurs, navigateurs, cette formation était ouverte aussi bien aux officiers de réserve (qui briguaient le brevet d’observateur) et aux hommes de troupe qui eux devenaient tireurs et sortaient de l’école avec un grade de caporal-chef ou de sergent... C’est plus tard que l’affectation à des unités équipées d’hélicoptères transformèrent ces observateurs en tireurs canons ou mitrailleuses...
Les appareils de l'armée de l'air possédaient aussi l'hélice Ratier bipale |
Pour voir la liste des formations qui ont utilisées le MS 733 dans l'armée de l'air voir cet excellent site:
Mais il faut en retenir que beaucoup d'avions ont servis en Afrique du nord pour de l'appui feu ou simplement de la formation.Il fut également largement utilisé par l'Ecole de l'Air de Salon-de-Provence. Sa carrière se termina en 1964 (10 ans avant ceux de l'aéronavale), il fut remplacé par le Fouga Magister.
Quelques anciens appareils de l'armée de l'air ont été vendu au Maroc:
Après sa carrière militaire, le MS 733 entame une carrière civile cette fois au Service de la Formation Aéroanautique (SFA) pour la formation des pilotes de l'aviation civile. Suite a une demande du SFA, une hélice tripale Hartzell est adaptée en lieu et place de la Ratier bipale qui équipait l'appareil auparavant (pour plus de fiabilité de la commande de pas).
Une autre demande n'a par contre pas aboutie, il s'agit de la remotorisation de l'appareil par un moteur de 350 chevaux qui aurait comblé le manque de puissance au décollage. Cette modification a été abandonnée à cause du vieillissement des cellules qui aurait peut être mal supporté l'ajout de puissance.
A noter qu'il y avait deux types de MS 733 équipant le SEFA, les appareils de série en jaune et les appareils de présérie en orange, ces derniers avaient un profil d'aile un peu différent.
A noter qu'il y avait deux types de MS 733 équipant le SEFA, les appareils de série en jaune et les appareils de présérie en orange, ces derniers avaient un profil d'aile un peu différent.
Le Ms 733 s'est révélé être un avion sûr puisque en plus de 25 ans de service au SEFA, seuls 2 avions ont été perdus (sur les 60 utilisés). C'est donc plus à cause de sa couleur et des heures passés à transpirer par les jeunes pilotes que l'appareil à hérité du surnom de "péril jaune".
Les derniers morane ont été retirés du SEFA en 1979 soit 28 ans après le 1er vol du prototype.
De même, Air France a loué cinq appareils à l'état pour remplacer ses Stampe destinés à assurer la formation de copilote pour les navigateurs et radios. Ils volaient à Cormeille en Vexin.
L'IAAG, le défunt institut amaury de la Grange a également possédé une flotte de MS 733.
Ainsi, pendant 12 ans, l'appareil a servi à la formation des pilotes de l'armée de l'air, et pendant 17 ans dans l'aéronavale puis pendant 25 ans, il a servi au SEFA. Des milliers de pilotes se sont donc assis à ses commandes, il s'agissait souvent de leur 1er contact avec un avion, c'est dire s'il a du laisser des souvenirs émouvants à certains.
Aujourd'hui, quelques uns continuent à voler et de nombreux appareils sont présents dans des musées.
Le MS-733 de Corbas est le C/N 67, il a porté l'immatriculation F-BMMQ, ce qui indique qu'il a appartenu au SEFA (il a très surement volé à Montpellier et/ou Saint Yan). Il a été vendu au domaine en 1979 à Saint Yan. Il a été initialement commandé par l'armée de l'air.
Et si après ça, vous en voulez encore, voici un compte rendu de vol en MS 733 Alcyon par Christian Ravel du GPPA d'Angers (groupement de préservation du patrimoine aéronautique) qui s'appelle maintenant Espace Air Passion depuis peu.
Et si après ça, vous en voulez encore, voici un compte rendu de vol en MS 733 Alcyon par Christian Ravel du GPPA d'Angers (groupement de préservation du patrimoine aéronautique) qui s'appelle maintenant Espace Air Passion depuis peu.
Situation initiale, en avril 2012, il faut bien de l'imagination pour deviner un MS 733... |
Il y a un an, ça commence à bouger, la restauration commence pour de bon |
Les ailes refont leur apparition |
Fin juin, la dérive, le stabilisateur et la roulette de queue sont remontées. |
De même que les train d'atterrissage principaux. |
Le cockpit se regarni également rapidement. |
Un mois plus tard, le 20 juillet 2012, la situation n'a plus rien à voir |
L'appareil a été mis en croix. |
Et il repose maintenant sur ses roues! |
Quand je rentre des USA en Janvier, c'est ainsi que je le trouve, avec sa verrière remontée. |
L'intérieur a maintenant une très belle apparence, ne manquent plus que les sièges. |
Les volets ont également été remontés. |
Et le moteur Potez 6D 30 est prêt à être remonté. |
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Salut Baptiste
RépondreSupprimerSais tu quelles couleurs il va porter, après restauration?
Bonne journée
A+
Bonjour Sébastien,
RépondreSupprimerJe n'ai pas encore demandé mais si on en reste à l'historiquement exact, il ne peut je pense que porter une déco du SEFA (à cause de son hélice), mais bon, vu le nombre de MS 733 couleur armée de l'air ou marine qui volent avec une hélice tripale, on n'est pas a ça près !
bonjour :)
RépondreSupprimerL'IAAG est loin d'être morte ou disparue...
Bonjour, merci pour le commentaire, j'ai bien sûr confondu avec l'EPAG qui au moment où j'ai écrit l'article avait déposé le bilan avant de renaître sous la forme d'EPAG NG.
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