Aujourd'hui, on retourne sur le terrain de Toulouse qui a accueilli les débuts du Breguet Alizé avec son 1er vol le 5 octobre 1956. Après 56 ans le numéro C/N 5 est finalement retourné aux sources après une long périple depuis la base de Nîmes Garons. Cet épisode vient clôturer une longue période d'incertitude quant au devenir de cet appareil. Plusieurs associations souhaitait en effet récupérer l'appareil (Le Conservatoire Historique de L'Aéronavale à Nîmes CHAN et les Ailes Anciennes de Toulouse) et on a longtemps craint de voir l'appareil ferraillé comme beaucoup d'autres Alizé. Le 27 janvier 2012 il est donc devenu le 87ème appareil de la collection des Ailes Anciennes de Toulouse (Autant que d'Alizé Construits en série !).
L'appareil au milieu de la collection.
échelle d'accès sortie, l'appareil semble attendre son équipage
Il rejoint une autre légende de l'aéronautique navale le Vought F-8P Crusader C/N 19
Du 15 au 18 janvier une équipe est venue démonter l'appareil qui attendait dans un hangar depuis quelque mois sa nouvelle destination.
Voyons maintenant l'histoire de cet appareil (et des alizé en général): il est entré en service le 06/07/1959. (aucune des photo n'est de moi, crédit à leurs auteurs respectifs sources:anciens cols bleus, netmarine, Bruno Boudet, airport-data, airteam-images.com). Il a participé aux essais de vieillissement de cellule sur porte avion et en 1980, il détenait le record d'appontages, il a depuis surement été détroné par les alizés qui ont continués à voler jusqu'en septembre 2000.
Il a donc porté uniquement la 1ère décoration en deux tons gris bleu/ beige avec cependant quelques évolutions mineures.
D'abord tel qu'on pouvait le voir à la sortie de la chaîne de production:
Initialement au début du service avec le drapeau tricolore sur la dérive, l'hélice noire avec l'extrémité des pales en jaune, le numéro de série d'abord absent est apparu en 1962 (il est très difficile de l'identifier avant cette date sur des photos): On le trouve également parfois avec des lettres à la place du numéro de série comme sur la photo ci-dessous.
Avec une lettre d'identification et la mention alizé sur le capot moteur.(ici, l'alizé N°1)
Puis les numéro de série sont apparus sur les deux côtés du fuselage au niveau du radar et du train d’atterrissage avant ainsi que sur chacune des ailes.
Apparition du numéro de série, la bande tricolore sur la dérive n'a toujours pas disparue. De plus au vue du numéro
de série supérieur à 100 on peut voir qu'il a été modernisé avec le système Julie (modernisation qui date de 1964-1965). Cette numérotation a par la suite disparue en 1966 lorsque tous les avions furent modernisés. L'inscription alizé a aussi disparue.
Le drapeau tricolore à alors disparu vers 1965.
En patrouille à la 9F, crosse sortie.
A la 2S (dans cette formation de servitude une grande partie des équipements opérationnels étaient démontés (systèmes ASM, radar ...).
Toujours à la 2S, la livrée à parfois souffert !
En dehors de l'insigne de formation, on peut distinguer l'unité d'appartenance par la couleur des saumons d'ailes ici orange pour la 9F.
Le "5" à l'époque du service actif.
L'hélice aussi a changée de couleur, la base est restée noire mais un filet hélicoïdal (la spirale, censée faire fuir les oiseaux) orange fluo est apparue (l'extrémité des pales a aussi pris la même couleur), c'est vraiment une des choses les plus jolies sur cet avion !
Le filet hélicoïdal fait lui aussi son apparition mais c'est plus difficile à dater (comme on trouve des photos des appareils de la 9F avec on peut en déduire que le filet est apparu avant 1972 (date de la dissolution de la 9F), et comme on trouve des photos d'alizé en 1968 ne portant toujours pas ce filet on peut estime l'apparition vers 1970).
Un alizé de la 9F surement à Kerembars (la zone de la BAN de Lann Bihoué qui fût le repaire de l'appareil de 1964 à 1997 au sein des 4F et 9F)
A la 6F, la couleur d'identification était le rouge.
Ici le Br-1050 C/N 72 appartenant à la 4F, on noter a que la couleur de la 4F est le blanc.
Toujours la Flottille 4F, on note la présence d'un insigne sur la dérive (également présent sur le C/N 10 conservé au Musée de l'air et de l'espace du Bourget).
Un compère du C/N 5, le "3" qui fut retiré du service en novembre 1976 (donc sans l'inscription marine).
Surement en 1977, un marquage d'essai inhabituel de l'inscription "MARINE"pour le Breguet Alizé C/N 60.
Le marquage définitif porté par les Alizé avec l'inscription marine en noire sur fond beige. Difficile de dire si le C/N 5 l'a porté.
Il a été retiré du service le 13/04/1977, il a donc peut être eu pendant quelques mois l'inscription MARINE sur le fuselage (les circulaires de l'époque préconisent ce marquage à partir du 1er janvier 1977 mais encore faut il qu'elles ait été appliquées rapidement). Par contre il n'a pas du tout été modernisé, l'appareil qui arrive aux ailes anciennes est donc semblable aux appareils qui sortaient des chaines de montage Breguet (quoique, à l'époque, du retard sur certains équipement à fait que certains appareils ont été livrés sans leur équipement complet, le 5 en faisait il parti ?)
Avant son retrait il a opéré au sein des formations 2S , 4F (Lann Bihoué) et 6F (Nîmes Garons). Puis il a été exposé sur la
BAN de Nîmes à partir de 1980 à l'initiative du capitaine de vaisseau Fontaine commandant de la BAN. Il a porté successivement 3 livrées d'abord avec la livrée gris/ bleu et beige puis la grise et blanche des années 1980
et enfin avec la livrée gris deux tons que les derniers appareils ont portés mais à l'inverse de ceux ci, il n'a jamais possédé leur équipement (par exemple les détecteurs de radar à l'avant des ballonnets).
Tel qu'il était à l'origine au tout début de son exposition vers 1980, l'inscription "Alize" est totalement fantaisiste, et l'appareil a également d'autres incohérences historiques (présence du drapeau de dérive, du filet hélicoïdal et de l'inscription "MARINE" simultanée). On peut remarquer que le radar avait déjà été retiré à cette époque.
Avec la première livrée des ALM jusqu'en 1998
Une autre photo de la même décoration qui commence à être usé
Puis, à partir de 1998 avec le gris deux tons.
Immédiatement après son arrivée, une rapide restauration a été entreprise pour protéger le mieux possible l'appareil.
Le travail à d'abord commencé sur les demi plan intérieurs de l'appareil (la partie avec les ballonnets). D'abord démontage du train d’atterrissage puis décapage jusqu'au métal, l'occasion d'une plongée archéologique dans le passé de l'appareil à travers les différents peintures qu'il a portées.
En grattant la partie supérieure, sous la peinture grise, on trouve la peinture gris clair qu'il a porté jusqu'à la fin des années 90 lorsqu'il était en stèle puis on retrouve le camouflage bleu/gris qu'il avait à l'origine.
De même pour la partie inférieure sous laquelle on retrouve du blanc et enfin le beige des débuts.
Très bonnes surprise, le ponçage ne révèle que très peu de corrosion ! (en tout cas sur ce qui a déjà été gratté). Bravo aux marins qui l'avaient protégés à l'époque, pour un appareil qui a passé plus de la moitié de sa vie dehors c'est quelque chose !
Le train d’atterrissage principal à un peu souffert de l'exposition en extérieur, mais rien d'insurmontable pour les bénévoles des ailes anciennes.
L'intérieur du Ballonnet couleur chamois a bien résisté.
L'équipe chargée de le restaurer est très motivé et comporte pas mal de membre, le travail va donc assez vite !
La coque avant du ballonnet.
L'absence de radôme donne à l'appareil une ligne plus pure mais il manque quand même quelque chose (en dehors des ailes, de la dérive et du stabilisateur (= ).
Pour ce qui est de la peinture, étant donné qu'il y a des connaisseurs chez les ailes anciennes, on s'oriente vers une livrée qui a vraiment été portée par l'appareil dans les années 70-75. Donc nous aurions le camouflage blanc/beige sur la partie inférieure et bleu foncé sur la supérieure avec une hélice avec un filet hélicoïdal. Par contre je ne sais pas quelle sera son unité, ce choix déterminera la couleur des saumons d'aile et de l'arrête dorsale (qui contient si mes souvenir son bons l'antenne du radio-compas) rouge pour la 6F, blanc pour la 4F, orange pour la 9F et bleu clair pour la 59S (sans couleurs pour les 2S et 3S).
Pour l'état global de l'appareil, il est moyen, le cockpit a été pillé, nous sommes bien loin de l'état dans lequel il devrait être ( Trois exemplaires d'alizé possèdent encore un cockpit à peu près complet, mais il va être très compliqué de reconstituer celui ci car les dernier alizé (non modernisés) sont partis en 1981.
Le cockpit du 5 vu à travers les vitres
L'appareil contient des pièces qui n'appartenaient pas toutes au c/n 5 on reconnait l'avant des ballonnets des ALM (avec détecteur de radar).
Une vue très floue mais au moins on voit que l'arrière est aussi vide que l'avant.
le numéro 10, préservée au musée de l'air et de l'espace (bien qu'il ne soit pas tout à fait au même standard).
Le radôme a été déposé lorsqu'il était en stèle et une plaque de métal l'a remplacé. Heureusement un autre radôme appartenant à un des dernier alizé à avoir volé (surement celui du 56 qui a été ferraillé courant mai 2011) a été stocké dans le hangar et l'appareil pourra donc récupérer sa silhouette d’antan.
Le Ballonnet Gauche à souffert et il faudra des trésors d'ingéniosité à l'équipe pour redonner à la pièce son aspect d'origine.
Pour avoir des nouvelles, vous pouvez consulter le site des ailes anciennes de Toulouse ici.
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