Aujourd'hui, je vais vous parler du mystère 20 et plus particulièrement de ceux de l'armée de l'air. On a peu parlé de ses appareils très utiles qui ont fait leur dernier vol en 2007 dans l'armée de l'air. L'arrivée du numéro 167 à Corbas chez EALC en septembre dernier me donne l'occasion de réparer cet oubli.
Le mystère 20 aussi connu sous le nom de Falcon 20 est donc le premier né de cette illustre famille Falcon qui encore aujourd'hui demeure la quintessence de l'aviation d'affaire. Alors que les ingénieurs de Dassault ont dévoilés récemment le petit dernier appelé Falcon 5X (anciennement Falcon SMS) durant le salon NBAA à Las Vegas le 21 octobre dernier. Ce programme doit permettre à l'avionneur de maintenir son avance sur les autres constructeurs puisqu'il présente pas mal d’innovations par rapport au dernier appareil, le 7X (des moteurs au cockpit en passant par la cabine et l'aile).
Les premières images du 5X nous montre un élégant biréacteur dans la lignée des Dassault. |
Mais revenons dans le contexte de la conception du premier de ces falcons, le mystère 20. A l'époque, l'aviation d'affaire n'est pas ce qu'elle est devenue aujourd'hui, elle a fait des débuts timides dans les années 30 notamment aux états unis dont l'immensité du territoire se prête bien à son développement. Ainsi plusieurs constructeurs ont développés des appareils comme le Beechcraft 17 Staggerwing mais surtout le Beech 18 et le Lockheed L-10 Electra rendu populaire par l'aviatrice américaine Amelia Earhart.
Un Lockeed Electra identique à celui aux commande duquel Amelia Earhart disparue le 2/07/1937 dans l'océan pacifique. |
L'effort de guerre se prête mal au développement de l'aviation d'affaire qui est mise de côté quelques années alors que les technologies continuent à progresser avec l'arrivée des réacteurs.
Après guerre, de nombreux avions provenant des surplus militaires sont transformés en avions d'affaire comme les lockheed Ventura. Il faudra attendre les années 50 pour que les premières entreprises commencent à envisager l'utilisation de réacteurs pour l'aviation civile.
En france, le Morane Saulnier MS 760 issu du MS 755 fait son premier vol le 29 juillet 1954. Cet élégant biréacteur permet ainsi à la France d'avoir un des tout premier jet d'affaires.
Le prototype du Morane Paris, l'un des inconvénient majeur de l'appareil pour ses passagers, c'est la hauteur de la paroi à enjamber pour monter dedans, les dames n'appréciaient pas... |
Cependant, il ne faut pas oublier les états unis chez lequel deux contructeurs se sont lancés dans l'aventure. le premier, North American est parti de l'aile de son célèbre chasseur F-86 Sabre pour créer le Sabreliner. Cet appareil qui a fait son 1er vol le 16 septembre 1956 sera construit à près de 800 exemplaires. Le second constructeur est Lockheed qui aura moins de succès avec son Jetstream construit à seulement 200 exemplaires, il fera son 1er vol le 4 aout 1957.
Le Lockheed Jetstar |
Hormis ces appareils, il n'existait pas d'avion à réaction d'affaire à l'époque du début de la conception du Mystère 20. Dassault ne songe d'ailleurs pas initialement faire un avion d'affaire mais plutôt un avion de liaison rapide pour l'armée de l'air son, principal client. Plusieurs études ont été faites dans les années 50 dont celle du Dassault méditerranée en 1954 qui est un biréacteur à voilure en flèche bénéficiant de l’expérience acquise sur les chasseurs Ouragan et Mystère. Il reste cependant à l’état de projet faute de turboréacteurs adaptés.
En 1959, une étude concernant un appareil appelé Mystère 100 marque le passage des moteurs de la position en nacelle sous voilure à celle en nacelles accolées à l’arrière du fuselage. Deux ans plus tard, un avion similaire est étudié sous le nom de Mystère 20. C'est le bureau d'études "avion civil" de Dassault, situé à Bordeaux Mérignac, qui va s'occuper de l'étude de l'appareil à partir de 1961 du fait de l'apparition de turboréacteurs tel que le Pratt & Whitney JT 12. Ainsi sous la férule de Paul Delplante, Paul Chassagne et René Lemaire, le programme d'avion d'affaires à réaction prend forme.
Lors d'un appel téléphonique resté historique, avec Paul Chassagne, Marcel Dassault va redéfinir de bout en bout l'allure générale du futur Appareil, augmentant taille et gabarit par rapport à ses concurrents d'outre atlantique. Les jours suivants, Paul Chassagne présente alors le dessin de ce qui va devenir le Mystère 20, puis au mois de Décembre de la même année, Marcel Dassault donne son accord pour la fabrication du premier prototype.
Une pub dans aviation magazine au début des années 60, l'appareil ne possède pas encore sa silhouette définitive (notamment en ce qui concerne la dérive). |
Dassault applique à cet avion des solutions techniques éprouvées dans le domaine militaire. Il s’agit, en particulier, des servocommandes sur les trois axes, d’une aérodynamique optimisée avec les moyens les plus modernes de l’époque et des » cambrures de voilure coniques « , semblables à celles des Mirage et de Concorde, étudiées par l’ONERA. Les procédés de fabrication – usinage des panneaux dans la masse, montage de la voilure par » pianos » – héritent directement des avions d’armes Mystère IV A, Super-Mystère B2 et Etendard. L’appareil est développé sur les fonds propres de Dassault et produit en coopération avec Sud-Aviation.
En parallèle, plusieurs avions concurrents sont étudiés notamment dans l'europe. Chez les anglais, on trouve le De Havilland 125 étudié à partir de 1961 et qui a fait son 1er vol le 13/08/1962.
La production de DH 125 a continuée jusqu'en 2013, plus de 1000 ont été réalisés. |
Chez les allemand le plus exotique MBB HFB-320 Hansa Jet qui a volé pour la 1er fois le 21 avril 1964 (ce dernier sera un échec commercial construit seulement à 45 exemplaires, à noter que 20% de la production s'est écrasée, la plupart de ces crashs étant attribuables à des erreurs humaines).
Le hansa jet avec son aile en flèche inversée bénéficiait d'un fuselage très spacieux. |
Revenons au prototype du mystère 20 qui est donc assemblé à Mérignac, c'est là qu'il fera son 1er vol le 4 mai 1963 avec quelques jours de retard sur le planning. Pour cette première sortie dans les airs du prototype, c’est le pilote René Bigand qui est aux commandes, accompagné par Jean Dilaire, mécanicien. Cette présentation est capitale pour le constructeur aéronautique français, car elle a lieu devant des représentants de Pan American World Airlines, dont le vice-président Frank Gledhill et un certain Charles Lindbergh (conseiller technique), 1er pilote à avoir franchi l’Atlantique en 1927, et ce jour-là, Dassault joue son entrée dans le marché américain.
1ère sortie du hangar pour le prototype, à l'intérieur du hangar, on peut voir la maquette d'aménagement de l'appareil, une phase qui était à l'époque incontournable pour vérifier le bon agencement des systèmes. Aujourd'hui, Dassault à développé des méthodes innovantes pour la conception de ses appareils. |
Couverture de l'"aviation magazine" de mai 1963 |
Sur le tarmac de Mérignac, le prototype côtoie les mirage III C alors en pleine production. |
A cette époque, la Pan Am (Pan American World Airlines) songe à diversifier ses activités en créant un département aviation d'affaire. Plusieurs membres de sa direction, le vice-président Franklin Gledhill et le célèbre aviateur Charles Lindbergh visitent le prototype du Mystère 20-01. Selon la légende, à l'issue du premier vol, Lindbergh aurait téléphoné à Juan Tripp, Directeur de la PANAM, : "I've found your bird" (j'ai trouvé votre avion).
La délégation de la PAN AM devant le prototype du mystère 20. |
Deux mois après, le 10 juillet 1964, le prototype vole avec deux réacteurs double flux General Electric CF700 (et non plus les JT-12 du prototype), condition sine qua non imposée par la PANAM pour l'obtention du marché. Ainsi redéfini pour les besoins américains la PANAM commande 40 exemplaires de l'avion plus une option sur 120.
Lancement du mystère 20 de la PAN AM aux états unis en 1963. On reconnait Serge Dassault à droite. |
L'avion est alors baptisé Falcon, à la demande de PANAM. La certification en catégorie transport, acquise le 9 juin 1965, fut immédiatement suivie par des livraisons.
Mais une autre célébrité va se pencher sur le berceau de notre mystère 20, l'aviatrice Jacqueline Auriol déjà détentrice de plusieurs records sur mystère IV et mirage III entre autre est chargée par Dassault de battre le record du monde féminin de vitesse en circuit fermé de 1000 km.
Le lendemain de la certification 10 juin 1965, Jacqueline Auriol battit le record (catégorie C-1g) à 859.51 km/h sur le trajet Istres-Cazaux-Istres, ce record tient toujours. Le 17 juin, elle battait le même record sur 2000 km à 819 km/h.
Pour célébrer les 50 ans de la famille Falcon, le prototype a été restauré par l'association IT Mercure, du bel ouvrage ! |
Jacqueline Auriol descend de l'avion du record, le prototype. |
Voici un reportage télévisé de l'époque: http://www.ina.fr/video/CAF89015876
Le Fan Jet Falcon, ainsi qu'il est baptisé par la Pan Am, commence à être livré durant l'été 1965. L'avion acquiert rapidement une solide réputation de confort et de sécurité sous le nom de Falcon 20, sa cadence de production atteint, un moment, sept avions par mois.
Aux début des années 70, deux fleurons de la PAN AM, le Boeing 747 et le Falcon 20 |
L'engouement de la clientèle américaine s'explique en partie par l'approche du problème de l'avion par l'industriel : plutôt un appareil de transport et de travail qu'un avion de tourisme ultrarapide.
La publicité est lancée pour l'avion |
Même des timbre sont réalisés à son effigie ! |
La PAN AM ne fut pas seule à commander le biréacteur, l'armée de l'air et le CEV furent également client de l'appareil comme nous le verrons dans le prochain article.
Bonne semaine
Baptiste
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